Pesticides – enjeux pour la santé

Nous vous présentons ci-dessous deux études réalisées par des établissements de référence, l’INSERM et l’INRA. 

Elles mettent en relief l’impact des pesticides sur la santé humaine, avec des niveaux de présomption forts pour certaines pathologies, moyens ou faibles pour d’autres.

Un autre enjeu consiste à évaluer l’effet “cocktail” de ces pesticides – un sujet complexe mais au combien important. A ce jour peu d’études sont menées et les premiers résultats (cf étude INRA ci-dessous) laissent à craindre des effets aggravés des cocktails de pesticides (et de leur métabolites).

Etude de l'INSERM (2021)

Créé en 1964, l’Inserm est un établissement public placé sous la double tutelle du ministère de la Santé et du ministère de la Recherche et dédié à la recherche biologique, médicale et à la santé humaine.

L’Inserm réunit 15 000 chercheurs, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs, avec un objectif commun : améliorer la santé de tous par le progrès des connaissances sur le vivant et sur les maladies, l’innovation dans les traitements et la recherche en santé publique.

L’INSERM a réalisé depuis de nombreuses années des études sur l’impact des pesticides sur la santé. Elle a réuni un groupe d’experts pour répondre à la demande de cinq directions de l’État, la Direction générale de la prévention des risques, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ainsi que le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’actualisation du rapport d’expertise collective de l’Inserm intitulé Pesticides : Effets sur la santé.

Conclusion de l’étude 

L’expertise souligne l’importance de réévaluer périodiquement les connaissances dans ce domaine.

La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations.

L’étude donne accès à des résultats détaillés suivant 3 types d’exposition : en milieu professionnel, pendant la grossesse ou l’enfance et enfin à proximité des zones agricoles.

Exposition aux pesticides en milieu professionnel

En considérant les études sur des populations qui manipulent ou sont en contact avec des pesticides régulièrement, et qui sont a priori les plus exposées, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : 

  • lymphomes non hodgkiniens (LNH),
  • myélome multiple,
  • cancer de la prostate,
  • maladie de Parkinson  (excès de risque de 62 % de développer la maladie de Parkinson chez les agriculteurs).
  • troubles cognitifs,
  • bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.  

Des liens ont été identifiés pour d’autres pathologies ou événements de santé avec une présomption moyenne. C’est le cas notamment pour la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et les sifflements respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes

pesticides dans les vignes

Exposition aux pesticides pendant la grossesse ou l’enfance

Les études épidémiologiques sur les cancers de l’enfant permettent de conclure à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central.

Les études de cohortes mères-enfants ont permis de caractériser les liens entre l’exposition professionnelle ou environnementale (c’est‑à-dire en population générale) des mères pendant la grossesse et les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant.

Exposition aux pesticides des riverains des zones agricoles

Les études suggèrent une influence de la proximité aux zones agricoles sur la contamination par les pesticides du lieu de vie, variable selon les substances, leur mode d’application et la manière d’estimer l’exposition.

Des études écologiques ou cas-témoins avec géolocalisation reposant sur la caractérisation de l’activité agricole au voisinage des adresses de résidences suggèrent un lien entre l’exposition des riverains des terres agricoles et la maladie de Parkinson, et également entre la proximité résidentielle à des zones d’épandages de pesticides (rayon <1,5 km) et le comportement évocateur des troubles du spectre autistique chez l’enfant. Cependant, ces études présentent des limites importantes liées à l’évaluation fine de l’exposition ou à l’absence de données individuelles, ce qui rend le niveau de présomption faible. 

Découvrez l’intégralité de l’étude de l’INSERM.

INRA - étude sur l'exposition aux "cocktails" de pesticides

Etude réalisée par L’INRA de Toulouse ( centre de recherche en toxicologie alimentaire – Laurence Gamet-Payrastre).

Résumé de l’étude.

Les pesticides sont des composés biologiquement actifs capables individuellement d’exercer des effets spécifiques sur différentes cibles ayant un rôle primordial dans le fonctionnement cellulaire et par extension dans les grandes fonctions physiologiques de l’organisme.

L’exposition aux pesticides, qu’elle soit professionnelle ou environnementale, pose un problème de santé publique. De nombreuses études épidémiologiques montrent que l’exposition professionnelle aux pesticides est corrélée positivement à un risque accru de développer certaines pathologies.

Le consommateur est exposé à de faibles doses de pesticides mais à un mélange de ces composés. Dans un mélange, les pesticides peuvent interagir entre eux et induire des effets synergiques. La base des interactions entre pesticides est un phénomène complexe impliquant un réseau de cibles et de mécanismes à différents niveaux, à l’échelle de la cellule et de l’organisme. Ainsi, la prédiction des effets cocktails est aujourd’hui difficile à réaliser, compte tenu de la diversité des effets des pesticides, des niveaux d’interactions et des capacités d’adaptation et de réponses biologiques de l’organisme.

Dans une étude publiée récemment nous montrons qu’un cocktail de six pesticides présents dans l’alimentation induit, chez la souris exposée pendant un an à des doses non toxiques, des perturbations métaboliques (diabète et surpoids) uniquement chez les mâles. Chez les femelles exposées, on observe un impact sur le statut oxydoréducteur hépatique et sur le microbiote. Ainsi, les pesticides à des doses considérées comme non toxiques peuvent avoir un impact sur la physiologie de l’organisme lors d’une exposition chronique de ces composés en mélange.

Les études épidémiologiques réalisées chez les consommateurs d’aliments issus de l’agriculture biologique, dont les teneurs en pesticides sont sensiblement réduites, montrent une relation inverse avec l’incidence des maladies métaboliques et les taux de certains cancers.

Consultez l’étude de l’INRA.