Objectifs et modalités de l'étude Pestiriv
Santé publique France et l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ont publié mi septembre 2025 les résultats de l’étude Pestiriv qui visait à mieux connaître l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes ou éloignées de toute culture.
En effet de nombreuses personnes vivent à proximité de vignes sur lesquelles des pesticides peuvent être appliqués. Or, peu de données étaient disponibles jusqu’à présent sur l’exposition aux pesticides chez les riverains de zones viticoles, étape indispensable pour dimensionner au mieux et renforcer les mesures de prévention des expositions aux pesticides.
PestiRiv a permis pour la première fois d’évaluer l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture.
L’étude, menée de 2021 à 2022 dans 265 sites répartis sur six régions viticoles françaises, a concerné 1 946 adultes et 742 enfants, dont une partie vivait à moins de 500 mètres de vignes, et l’autre à plus de 1 000 mètres de toute culture.
Pour évaluer les expositions, 56 substances ont été recherchées dans au moins une des matrices suivantes :
- les urines et les cheveux des participants (imprégnation biologique) ;
- les poussières et l’air intérieur des habitations ;
- l’air ambiant.
L’étude PestiRiv s’est déroulée en deux temps :
- entre octobre 2021 et février 2022 pendant la période où les traitements des vignes sont peu fréquents ;
- entre mars et août 2022 pendant la période où la quasi-totalité des traitements des vignes ont lieu.
Des mesures ont aussi été menées sur des fruits et légumes des jardins de certains foyers en zones viticoles pour estimer l’exposition via l’autoconsommation. En parallèle, les participants ont répondu à des questionnaires sur leur alimentation et leurs modes de vie (activités à l’extérieur, profession, utilisation de pesticides au domicile) pour identifier l’ensemble des facteurs pouvant expliquer l’exposition aux pesticides.
Les résultats
Les résultats de l’étude PestiRiv montrent que les quantités de produits utilisés et la proximité des habitations avec les vignes sont les deux principaux facteurs d’exposition.
Cette exposition plus importante est due au transfert vers l’environnement des substances appliquées sur les vignes, qui est constaté pour la majorité des substances mesurées : il concerne aussi bien des substances très spécifiques de la vigne (par exemple le folpel ou le métirame) que des substances qui le sont moins (par exemple le glyphosate, le fosétyl-aluminium, la spiroxamine).
Santé publique France et l’Anses recommandent donc de réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques.
Les pouvoirs publics peuvent notamment s’appuyer sur la stratégie nationale Ecophyto 2030, pour laquelle les deux agences appellent à une mise en œuvre ambitieuse.
Elles demandent à pouvoir disposer des données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques. De telles données permettent de préciser les liens entre les applications réelles et les transferts dans l’environnement, et donc de mieux maîtriser les expositions des riverains.
Notre avis
Pestiriv a le mérite d’apporter des éléments probants au déjà (très) lourd dossier des pesticides. Espérons que des mesures concrètes seront prises pour limiter les expositions des personnes vivant le plus près des cultures.
Le fait que l’ANSES et Santé Publique France réclament l’accès aux données réelles d’utilisation des pesticides en dit long sur l’omerta pratiquée dans le milieu agricole sur ce sujet. Au vu de l’enjeu sanitaire associé, ces données devraient être publiques !
Vous voulez en savoir plus sur l’étude Pestiriv ?
Consultez le site de Santé Publique France ou de l’ANSES.
Vous voulez en savoir plus sur les pesticides dans le vin ?
Consultez notre guide des pesticides.