Des PFAS dans le vin ?

Les PFAS c'est quoi ?

Les PFAS sont des substances chimiques de la famille des per- et polyfluoroalkylées. Il en existe plusieurs milliers de déclinaisons qui ont été utilisées depuis les années 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. On les retrouve ainsi dans de nombreux objets du quotidien comme les poêles, les textiles techniques, le fart utilisé pour les skis, des peintures, des produits de nettoyage, des emballages alimentaires, des ustensiles de cuisine, …

Les PFAS et la santé

Extrêmement persistants, les PFAS se retrouvent dans tous les compartiments de l’environnement et peuvent exposer les populations à travers l’air, les aliments et l’eau de consommation, ou encore l’utilisation de différents produits et objets du quotidien. Cette durabilité des PFAS dans l’environnement a conduit à les appeler “polluants éternels”.

Les travaux scientifiques sur certains PFAS connus montrent qu’ils peuvent avoir des effets nocifs pour l’être humain : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire. En décembre 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA comme « cancérogène pour l’Homme » (Groupe 1) et le PFOS comme « peut-être cancérogène pour l’Homme » (Groupe 2B).

Source : ANSES

Quelle est la règlementation sur les PFAS dans l'eau de consommation ?

Le suivi des PFAS dans les eaux de boisson a été introduit par la directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Ainsi, à ce jour, une limite de qualité de 0,10 µg/L a été fixée pour la somme de 20 PFAS dans les EDCH et 2µg/L pour l’eau “brute” (avant traitement). Un autre paramètre, intitulé « PFAS (total) », est également introduit avec une limite de qualité associée de 0,50 µg/L : il vise à intégrer l’ensemble des PFAS mesurables dans l’eau.

des PFAS dans le vin ?
PFAS produits

Les PFAS dans le vin - l'enquête de PAN Europe

Le réseau d’ONG Pesticide Action Network (PAN Europe) a diffusé le 23 avril 2025 les résultats d’une enquête sur la présence de PFAS dans le vin.

La méthodologie de cette enquête a consisté à rechercher la présence de TFA (acide trifluoroacétique) dans une cinquantaine de vins blancs, rosés et rouges  de dix pays de l’Union Européenne.

Quels sont les résultats de cette étude “Message from a bottle” ?

La présence de TFA a été détectée dans tous les millésimes postérieurs à 1988. Les 3 millésimes antérieurs testés  (1972, 1979 et 1982) n’en contiennent pas de traces détectables.

De 1988 à 2015, les taux de concentration croissent de 13 microgrammes par litre (µg/L) à 40 µg/L. L’augmentation est ensuite très marquée : les 39 millésimes de 2021 à 2024 présentent des concentrations moyennes de 122 µg/L avec des pics dépassant parfois 300 µg/L. 

L’étude laisse à penser que le TFA relevé provient vraisemblablement de la dégradation de pesticides contenant des PFAS. En effet, l’analyse a également détecté jusqu’à huit pesticides différents dans 94% des vins conventionnels testés, dont deux fongicides appartenant à la famille des PFAS : le fluopyram et le fluopicolide. Fait notable, les vins présentant les plus fortes concentrations de TFA (moyenne : 176 µg/L) contenaient également, en moyenne, deux fois plus de résidus de pesticides que ceux moins contaminés par le TFA (moyenne : 58 µg/L). Il est à souligner également que les taux les plus faibles ont été observés dans les vins issus de l’agriculture biologique cultivés sur des terres exemptes d’intrants chimiques depuis des décennies.

Que peut-on en conclure ?

La première remarque à faire est que l’échantillonnage est trop limité (seulement 50 dont 4 bios) pour que l’on puisse tirer de cette enquête des conclusions définitives.

Pour autant, les valeurs relevées pour les vins d’après 2021 traduisent une réelle problématique du fait de l’évolution défavorable par rapport à la période précédente (moyenne 40µg/L) mais aussi du fait de la concentration intrinsèque : la moyenne de 120µg/L est à rapprocher de la limite de 0,5µg/L fixée pour l’eau potable, soit un taux 240 fois supérieur.

En complément, on peut rappeler que selon l’Agence allemande de l’environnement, les pesticides PFAS issus de l’agriculture représenteraient 76% de la contamination annuelle des eaux souterraines par le TFA, suivis des émissions provenant des pluies (17%) et des stations d’épuration et du fumier (3% chacun). 

Pour le vin, la contamination est vraisemblablement d’origine multiple : en premier lieu par les pesticides, puis par les eaux de pluie, les eaux souterraines et les sols agricoles eux-mêmes.

Et demain ?

Si certains PFAS ont déjà été interdits, le TFA, lui, n’est soumis a aucune législation en Europe. L’Union européenne (UE) doit d’ailleurs se prononcer prochainement sur l’interdiction du Flutolanil, un pesticide PFAS émetteur de TFA. Affaire à suivre…

Notre avis ?

Pesticides et PFAS = même combat !

Le recours massif aux pesticides dans l’agriculture conventionnelle a des conséquences lourdes sur tout notre environnement et sur nous-même.

Choisissez des vins bio, des vins biodynamiques ou des vins naturels certifiés auprès de commerçants de confiance comme Vinibee (mais nous ne sommes pas les seuls !), et ne tombez pas dans le panneau des labels marketing qui vous vantent la haute valeur environnementale des vins… sans toutefois renoncer à l’usage des pesticides !

En espérant que vienne bientôt le temps d’une réflexion profonde sur notre modèle agricole afin qu’il intègre les dimensions environnementales, économiques,  et de santé publique. Cela viendra un jour !

Pour aller plus loin :